ce que cache la compagne électorale en Algerie
ACTUALITÉ
FLAMBÉE DES PRIX DES FRUITS ET LÉGUMES, ÉBULLITION SOCIALE ET VIOLENCE DANS LES STADES
Ce que cache la campagne électorale
Cet événement majeur monopolise tant la scène politique que des sujets d’une grande importance passent sous silence.
C’est de l’arbre qui cache la forêt. Ces jours-ci,
les débats sont fixés sur un seul détail bien précis: la campagne
électorale alors que des sujets ou des événements d’une grande
importance passent sous silence. Les programmes des candidats sont à
l’affiche.
Les journaux leur consacrent leur Une. La Télévision
nationale, média lourd par excellence, ne traite que cette même
actualité. Or, des événements d’une grande importance passent
inaperçus. Les sujets qui prédominent «l’actualité sociale» sont
nombreux. A commencer par la flambée des prix des fruits et légumes. Il
suffit de faire une tournée au niveau de quelques marchés de la
capitale pour constater l’envol des prix de ces produits de large
consommation.
Les prix sont effrayants. Les responsables préfèrent
ne pas en parler. Les commerçants se sont donné le même mot d’ordre:
afficher des prix exorbitants. Tous les prix affichés dépassent les 40
DA. A commencer par la «grosse patate» qui fait parler encore d’elle. Les prix se situent entre 80 et 90 DA le kg. La pomme de terre n’est pas le seul produit qui «s’emballe».
Les autres aussi. La tomate est fixée à plus de 110 DA/kg. Les carottes
oscillent entre 45 et 60 DA/kg. La courgette est cédée à 90 DA/kg. Le
piment et le poivron sont à plus de 120 DA/kg. La salade atteint un pic
de 100 DA/kg.
Quant aux boucheries, il faut avoir du courage pour
s’en approcher. La viande voit rouge, qu’elle soit blanche ou rouge. La
viande de boeuf est à 850 DA/kg. Le poulet quant à lui s’est vu pousser
des ailes. Le kilo est vendu à 250 DA, mais la surprise vient de la
sardine: elle vole la vedette et ne décore plus les tables des familles
démunies puisqu’elle est vendue à 400 DA/kg s’il vous plaît! A cela
s’ajoute la flambée des fruits. La pomme est à 180 DA/kg. Les bananes
dépassent le seuil de 120 Da/kg. L’autre sujet de grande importance et
sur lequel on ne disserte plus est l’augmentation des prix des
matériaux de construction. Depuis quelques semaines, les prix de ces
matériaux ont carrément doublé. Le sac de ciment de 50 kg, vendu il y
un mois à 350 DA, passe aujourd’hui à plus de 700 DA.
Augmentations anormales
Le
rond à béton, qui était il y a quelques semaines aussi, à 3800
DA/quintal, passe à 4800 DA, soit une hausse de 1000 DA/quintal. C’est
une augmentation anormale, anormale dans la mesure où les cours des
matériaux de construction chutent de plus en plus sur le marché mondial
à cause du déclin de la demande en raison de la récession économique
ambiante. Les conséquences de cette flambée se feront tout de suite
ressentir. Les retombées concernent notamment les grands chantiers.
L’augmentation
des prix peut engendrer des retards dans le parachèvement des projets.
Les délais de livraison ne seront ainsi pas respectés. Idem pour la
facturation de ces surcoûts. Plusieurs entrepreneurs sont appelés à
revoir leur devis et faire gonfler bien évidemment leurs factures. Qui
contrôle tout cela? Qui évoque ces événements? Ces augmentations ne
trouvent aucune justification. Les autorités concernées par la
régulation du marché se signalent par une absence prolongée. Elles sont
complètement effrayées par la fièvre électorale. Les regards sont
braqués sur l’ambiance de la scène politique.
D’ailleurs, le manque de contrôle ouvre les portes à la spéculation qui fait rage. C’est le «pauvre citoyen»
qui subit silencieusement les conséquences et qui en fait les frais.
Loin des marchés, d’autres sujets qui préoccupent la scène nationale
sont dominés par la fièvre électorale. Il s’agit notamment de la grogne
sociale.
Une relative ébullition sociale a refait surface ces
derniers temps. Des contestations sont signalées ici et là. Des
mouvements de grève sont déclenchés, comme le cas des travailleurs du
secteur médical qui sont en grève. Ces derniers menacent d’une grève
illimitée. Ils songent à déserter les hôpitaux et de ne pas assurer les
examens des étudiants du secteur. Le volet sécuritaire est aussi dominé
par l’ambiance de la prochaine élection. Ces derniers temps, plusieurs
redditions de terroristes ont été signalées. Les forces de sécurité ont
procédé également à plusieurs arrestations. A cela s’ajoute le nombre
de terroristes qui tombent sous les balles des services de sécurité et
de l’Armée nationale populaire. La violence dans les stades prend aussi
de l’ampleur.
La violence est dans la rue
Les
événements regrettables qui avaient opposé lundi passé les supporters
du Nahd (Hussein Dey) à ceux du RCK (Kouba), en sont un parfait
exemple. Des dizaines de jeunes ont été blessés dont certains ont été
transférés vers les hôpitaux de ces deux communes algéroises.
Les
mêmes scénarios ont été signalés à l’est et à l’ouest du pays. C’est
dire que la campagne électorale est l’arbre qui cache la forêt,
laquelle risque d’être dénaturée à cause de la flambée des prix des
légumes et fruits ainsi que des matériaux de construction, de
l’ébullition sociale et la violence dans les stades.
Tahar FATTANI journal "l'expression" du 02/04/2009